L'analyse des accidents de travail : les 4 étapes
- Dans l’atelier, Hervé a glissé sur une flaque d’huile et s’est rattrapé de justesse à l’établi. Plus de peur que de mal. Ouf !
- En quittant son bureau hier, Véronique a trébuché dans la rallonge qui a été installée pour brancher le PC du nouvel étudiant… Résultat : une entorse et deux semaines d’incapacité…
- Sur l’échafaudage, Pierre n’avait pas son casque et il a reçu un tournevis tombé de l’étage supérieur sur la tête. Il est à l’hôpital !
Toutes ces situations, même si leurs conséquences n’ont pas la même gravité, ont un point commun : elles doivent être analysées, étudiées et des décisions doivent être prises pour que la probabilité qu’elles se produisent à nouveau soit la plus mince possible !
Souvent, on néglige les incidents ou presqu’accidents : on se dit « ouf, on est passé tout près ! », mais on ne va pas plus loin. Pourtant, mettre en place une méthode d’analyse des incidents et bien entendu des accidents permet de tirer les conséquences de ses erreurs, de faire en sorte de diminuer les risques et ainsi d’augmenter les chances que cela ne se reproduise plus.
Voyons ensemble quelles sont les quatre étapes pour mener une analyse des incidents et des accidents efficace et utile.
1. Mener l’enquête et recueillir les faits
La première étape d’une telle analyse consiste à recueillir les faits en menant une enquête minutieuse. L’idéal est que celle-ci ait lieu le plus vite possible après l’accident en présence de tous les protagonistes : victime(s), témoin(s), responsable(s)… Une reconstitution, si elle est possible, apporte souvent beaucoup d’éléments importants au recueil des faits. Par ailleurs, il est parfois tentant de s’arrêter aux faits évidents, proches de l’accident ou de l’incident, mais si l’on veut dégager les causes profondes de ce qui s’est passé, il faut persévérer et remonter le plus loin possible. À vos calepins !
2. Analyser les faits et construire l’arbre des causes
Bien souvent, l’enquête met en lumière la multicausalité de l’accident. Il est alors intéressant de construire ce que l’on appelle « l’arbre des causes », c’est-à-dire un schéma, plus précisément une arborescence, qui permet d’identifier a posteriori tous les faits ayant abouti à l’incident/accident. Pour le construire, il faut remonter les faits de manière chronologique en se posant les questions suivantes : « Qu’a-t-il fallu pour que cela arrive ? », « Est-ce nécessaire et suffisant ? ». L’avantage de l’arbre des causes est qu’il permet souvent d’identifier un plus large panel de causes. Plus l’arbre a de branches, plus les mesures auront une portée large et permettront d’empêcher un nombre important d’incidents/accidents de se produire !
3. Déterminer les mesures correctives
Connaître les causes de l’accident, c’est bien… en tirer les conséquences, c’est mieux !
Déterminer les causes d’un accident n’a en effet d’intérêt que si cela débouche sur des actions concrètes de prévention. Il s’agit donc de proposer des mesures de prévention en recherchant pour chaque cause dégagée dans l’arbre ce qui aurait permis d’éviter que cela ne se produise. À ce stade, il est important que tout le monde intervienne et propose des solutions. Ce travail doit être collectif (causerie sécurité, réunion collective…), car – c’est bien connu – il y a plus dans deux têtes que dans une. Cela permet également que les mesures proposées se situent dans différents domaines : technique, organisationnel, management, communication… mais aussi que chaque intervenant se sente entendu et impliqué dans la sécurité de son entreprise.
Parmi toutes les mesures proposées, il faudra enfin choisir celles que l’on applique (en fonction de différents critères comme sa faisabilité, son coût pour l’entreprise et pour le travailleur, sa portée, etc.).
4. Contrôler la bonne réalisation de ces mesures et évaluer leur efficacité
Bien entendu, mettre en place des mesures de prévention ne suffit pas. Il faut encore vérifier leur bonne application et leur utilité sur le long terme. À ce propos, des campagnes de communications, des sessions régulières de formations, l’affichage de posters… permettent de tenir l’attention de chacun éveillée sur les mesures de prévention dégagées. Agir pour sa sécurité est un travail de longue haleine !
Conclusion
On l’a vu dans cet article, une analyse minutieuse des incidents/accidents est primordiale si l’on veut éviter que ceux-ci ne se reproduisent. La méthode de l’arbre des causes a l’avantage de chercher les causes et non le(s) responsable(s). Mais l’efficacité et la réussite de cette méthode dépendent bien entendu de l’investissement de chacun dans ce processus.
Le travail doit être collectif si l’on veut que l’arbre porte ses fruits !